Dosso Tiékoumba est un acteur-comédien ivoirien, reconnu pour ses rôles marquants dans des séries comme Ma Famille et Les Invisibles, où il a captivé le public avec son jeu authentique.
Une enfance entre village et ville, le terreau de sa passion pour l’art
Dosso
Tiékoumba grandit entre deux mondes. Il passe une partie de son enfance à
Dianfé, un village situé dans le département de Séguéla. Puis il découvre la
vie urbaine à Séguéla.
Dès l’école
primaire, il est initié au théâtre scolaire par ses institutrices, mesdames Boa
et Timothée Georges. « Ce sont ces deux dames qui nous ont inculqué l’amour du
théâtre. Mme Timothée Georges était comme une avant-gardiste, l’interface entre
les parents et l’école pour nous permettre de pouvoir aller aux répétitions »,
confie Dosso Tiékoumba.
Ces deux
enseignantes auront été la pièce motrice de son engagement artistique.
Des
premiers pas au sein de troupes de théâtre
Plus tard,
le jeune Dosso rejoint la capitale économique pour poursuivre ses études. À
Abidjan dans les années 1980, il fait la rencontre de Fomba Salia, fondateur
d’une troupe de théâtre à Abobo. « J’ai intégré la troupe de M. Fomba. On a
travaillé et après, je me suis retrouvé dans la troupe Les Experts d’Abidjan sous
la direction de Séry Albert », poursuit l’acteur ivoirien.
Dans cette
troupe, il se lie d’amitié avec Omega David, Decothey et Adama Dahico, trois figures
emblématiques du théâtre ivoirien, dont les échanges créatifs enrichiront son parcours
artistique.
« Dans la
troupe de Séry Albert, il y avait un petit groupe appelé Les Créateurs du rire
dont les membres se retrouvaient pour faire des sketchs humoristiques dans les
écoles en dehors des pièces classiques. Un jour, j’ai demandé à intégrer. J’ai
été accepté », se souvient Dosso.
Ce groupe
sera plus tard rebaptisé Les Rigolos d’Abobo par la regrettée Rose Marie
Guiraud.
Des
préjugés aux premières reconnaissances
Embrasser
une carrière de comédien était mal perçu par la société. Le théâtre était
souvent assimilé à un domaine sans avenir, réservé aux marginaux, reconnait le
comédien ivoirien.
« À
l’époque, l’art était le parent pauvre de tous les métiers. Nos parents
pensaient que c’est après avoir échoué à l’école qu’un enfant embrasse ce
métier. Nous étions vus comme des rebelles, des bons à rien, des renégats »,
soutient Dosso. Pour lui, cela est dû à la méconnaissance de l’art et les
préjugés.
Malgré les
préjugés sociaux qui fustigeaient l’art comme une voie sans avenir, Dosso
Tiékoumba persiste, convaincu que sa passion finira par s’imposer. Ses efforts
sont récompensés lorsqu’il attire l’attention de Michel Koffi-Djémé,
réalisateur du film La révoltée, ce dernier lui offre un rôle aux côtés d’Oméga
David et Adama Dahico. Ce projet marque un tournant décisif dans sa carrière.
Du
théâtre au cinéma
Convaincu
que « le cinéma est l’enfant du théâtre », Dosso voit dans son expérience
théâtrale le fondement d’un jeu cinématographique riche et naturel. Cette
approche lui permet de se démarquer dans les productions cinématographiques.
« Le théâtre
nous a permis d’être de bons acteurs parce que nous avions déjà toutes les
bases », avoue-t-il.
L’acteur ne
manque pas de souligner la différence de jeu entre les acteurs formés au
théâtre et ceux issus uniquement du cinéma, mettant en avant le naturel des
premiers.
Dosso
Tiékoumba a bien voulu nous révéler sa manière particulière de se préparer pour
un rôle au cinéma. « Je fais la lecture du scénario pour comprendre la
psychologie de mon personnage. Est-il colérique, doux, introverti ? », révèle-t-il.
Cette analyse lui permet d’incarner ses personnages avec justesse.
L’aventure
« Ma famille »
C’est lors
d’un tournage sur la scolarisation des filles dans le nord de la Côte d’Ivoire
qu’Akissi Delta, réalisatrice et productrice de la série « Ma Famille »,
remarque son talent.
Impressionnée,
elle lui propose de rejoindre son prochain projet. « Elle m’a dit d’attendre
son appel, qu’elle avait un rôle pour moi », rappelle l’acteur. Quelques temps
plus tard, il intègre la célèbre série qui le propulse sous le feu des
projecteurs.
Dans le rôle
de l’époux de Gbazé Thérèse, Dosso incarne à la perfection un personnage
complexe, alliant émotion et complicité, avec cette actrice talentueuse et
expérimentée.
« Gbazé
Thérèse est aussi le fruit du théâtre. Elle est comédienne. Quand deux
comédiens expérimentés se retrouvent, une sympathie nait. Il n’y a pas de
barrière. Je connais la façon de jouer de Gbazé Thérèse. Elle aussi me connait.
Je connais sa spontanéité, sa capacité à répondre et à s’adapter. On s’est approprié
nos différents personnages. »
Son conseil
aux jeunes acteurs : l’humilité, l’une des valeurs clé qui l’ont guidé tout au
long de sa carrière. « Le respect des ainés et des devanciers est essentiel,
non pour leur courber l’échine, mais pour apprendre et grandir à leurs côtés »,
suggère l’enfant de Dianfé.
L’histoire
de Dosso Tiékoumba est celle d’un homme qui, malgré les obstacles et les
préjugés, a su faire de sa passion un véritable moteur de réussite. Son
parcours exemplaire démontre qu’avec la persévérance, l’amour du métier et la
détermination, il est possible de gravir les échelons et de s’imposer comme une
icône.
Richard Konan