La décentralisation, une réalité ancienne en Afrique. Remise en cause par des soubresauts sociopolitiques ou réévaluée par des crises économiques. Qu’a-t-elle apporté et où en est-elle sur le continent ?
Sans conteste, la décentralisation s’inscrit au pinacle de la démarche démocratique. Il aurait fallu que le principe de l’autonomie voire de l’indépendance des pouvoirs ait été acquis au sommet des États africains pour que sa mise en œuvre ne souffre pas au plan local. Cet acquis aurait permis de mieux jauger les effets de la démocratie, à la base, sur le transfert des compétences et des ressources.
Au regard de
ce qui précède, le processus de décentralisation et le degré des synergies
d’actions sont dès lors imputables au contexte politique et économique. Face à
la faiblesse de l’assiette fiscale et la force de la dépendance au gouvernement
central, peu sont ces États à avoir réussi le challenge de la décentralisation.
Les
motivations
La
décentralisation, est-ce une volonté de prendre en compte les réalités
sociologiques pour mieux réussir ou bien, celle de s’en servir pour maintenir
le statu quo ?
L’enracinement
institutionnel (pouvoir politique central), dans la mobilisation des
ressources, continu de fragiliser un processus, pas validé par les populations
cibles et auxquelles elles ont du mal (in fine) à adhérer. Un canevas emprunté
pour une meilleure interaction entre l’État, la société civile et le secteur
privé mais aussi parce que le concept était conditionné par l’aide
internationale au développement.
Par
ailleurs, les politiques de décentralisation sont à l’épreuve des jeux de
pouvoir et à des incohérences, d’une région à l’autre du continent. De tout
cela, le principal défi reste la gouvernance.
La
gouvernance
Si le
continent s’est approprié le concept, chaque pays y est allé à sa façon et à
son rythme pour améliorer l’offre de biens et de services publics, ainsi que la
gouvernance locale.
Néanmoins,
les collectivités locales sont restées peu efficaces parce que ne disposant pas
de ressources financières et humaines nécessaires pour assurer les compétences
qui leur sont désormais conférées. À cela, il faut noter l’absence d’un statut juridique
clair qui devrait régler les diverses incohérences, ainsi que les problèmes
fondamentaux - en matière de gestion et de structure d’organisation - au niveau
décentralisé.
Aujourd’hui
encore, le statut des collectivités décentralisées ne garantit pas une
autonomie véritable. Les textes créent plutôt des chevauchements - entre les
acteurs - préjudiciables au bon fonctionnement des acteurs locaux de
développement.
Paradoxalement,
même lorsqu’elles sont élues, les élites locales, n’assument encore pas la
plénitude de leurs responsabilités.
L’un des
enjeux de la décentralisation se trouve dans l’arrimage entre démocratie
représentative et démocratie participative. Au-delà de la vision, la
décentralisation impose une démarche claire, transparente et inclusive. Les
efforts consentis par certains États plaident en leur faveur.
Les
acquis
La
décentralisation a permis d’instaurer une compétition saine entre les
collectivités décentralisées. Chaque acteur, avec un budget accru, a ainsi la
possibilité, de gouverner selon les priorités des administrés. Cela a engendré
une meilleure implication des acteurs locaux dans le processus électoral
(régional, municipal, législatif et même présidentiel).
La
décentralisation a aussi encouragé la recherche et l’innovation sur le
continent, par la réalisation d’infrastructures socioéconomiques. Néanmoins, il
faut noter que ces systèmes appliqués tiennent plus à la déconcentration qu’à
la décentralisation. Une architecture que l’on serait tenté d’appeler la «
décentralisation à l’africaine ». À l’arrivée des courses, il y a encore des
attentes fortes.
La rédaction