Un rendez-vous du donner et du recevoir spirituel. Une rencontre de communion, le summum de l’extase, ces moments de recueillement, ces moments de prière. Le Messager d’ALLAH saw le disait avec charme : « Quand l’un d’entre vous prie, il parle en privé avec Son Seigneur ». Quel privilège !
Un moment d’effervescence spirituelle qui régénère le jardin secret du serviteur et garantit chaque jour et sans cesse, son illumination et sa renaissance spirituelle, tel que cela ressort du questionnement du
Messager
d’ALLAH saw adressé à ses compagnons : « Que pensez-vous s’il y avait une
rivière devant la porte de l’un d’entre vous et où il se baignerait cinq fois
par jour, resterait-il une saleté sur lui ? » Ces compagnons répondirent : « Il
ne resterait pas de saleté sur lui. » Il dit alors : « Il en est de même avec
les cinq prières (quotidiennes). Par elles, Allah efface les péchés (mineurs) »
». Hadith rapporté par Al-Bukhari et Muslim.
Dans
sa dimension dogmatique, l’Islam repose sur cinq piliers essentiels, la prière
étant le deuxième en ordre d’importance. Le foisonnement de références
textuelles met en exergue la richesse inusable de ce rite sacré dont
l’accomplissement exige tout un corpus de conditions, non-contraignantes, mais salutaires
pour la bonne santé spirituelle du croyant.
Les avantages de la prière
La
prière canonique est une obligation religieuse qui pèse sur tout musulman
pubère et en possession de ses facultés mentales. « Et accomplissez la Prière,
et acquittez la Zakat, et inclinez-vous avec ceux qui s’inclinent. » S2 V 43.
Elle est d’une telle importance que même le malade (exception faite de celui
qui souffre d’une instabilité mentale) n’en est pas exempté. S’il ne peut prier
debout, il reste assis, ou couché. Même s’il lui arrive de ne pouvoir prononcer
les mots, ou de cligner des yeux en signe de prosternation ou d’inclinaison, il
peut le faire simplement avec l’esprit.
Suivant
les enseignements prophétiques, la prière constitue la ligne de démarcation
entre le musulman et le non-musulman. C’est pour cela d’ailleurs, que certains savants
s’accordent à dire que celui qui renonce à la pratiquer n’est plus à considérer
comme un musulman, conformément à cet enseignement du Messager d’ALLAH saw : «
Le pacte qui existe entre nous (les musulmans) et eux (les mécréants) est la
prière. Quiconque la délaisse, a mécru. »
C’est
par la prière que le musulman accède au grenier de la Miséricorde divine. C’est
par elle qu’il lui fait la promesse de Ses largesses. « Ceux qui récitent le
Livre d’ALLAH, accomplissent la Prière, et dépensent, en secret et en public ce
que NOUS leur avons attribué, espèrent ainsi faire un commerce qui ne périra
jamais, afin [qu’ALLAH] les récompensent pleinement et leur ajoute SA grâce. IL
est Pardonneur et Reconnaissant. » S 35 V 29 à 30.
Elle
constitue un bouclier et un rempart dans les moments de traversée de désert.
Elle est la substance médicamenteuse qui guérit les cœurs des étreintes
maussades des écueils de la vie. Lorsque le puits de l’espérance du cœur tarit,
c’est elle qui parvient à l’alimenter avec l’eau féconde de l’assurance. Au cœur
des difficultés et des épreuves, non seulement elle apaise le cœur et fortifie
l’âme du serviteur, mais à travers elle, le SEIGNEUR lui apporte la délivrance nécessaire
et la solution idoine au problème qui l’étouffe.
«
Souvenez-vous de MOI donc, JE vous récompenserai. Remerciez-MOI et ne soyez pas
ingrats envers MOI. Ô les croyants, cherchez secours dans l’endurance et la
Prière. Car ALLAH est avec ceux qui sont endurants. » S 2 V 152 et 153. Chaque
jour de prière apporte à l’âme et au cœur, une certaine extase et une ombre
lumineuse. C’est de cette lumière sur lumière que se dégage une certaine
fortification qui met le musulman à l’abri d’actes blâmables et l’aide à
parfaire sans cesse son comportement.
«
La Prière détourne des turpitudes et du mal. Invoquer ALLAH est un devoir
capital » S 29 V 45. Vous le verrez, tous ceux qui se sont éloignés de la prière
ont vite fait d’être balayés par l’ouragan et la tempête de l’immoralité. Le
Seigneur avertit le musulman qui se comporte ainsi et lui révèle la punition
qu’Il a réservé aux générations avant lui et qui faisaient de la prière, un épiphénomène.
«
D’autres générations qui les suivirent, délaissèrent la Prière et suivirent
leurs penchants. À ceux-là, sera réservé un sinistre destin » S 19 V 59.
La
prière, pour mieux profiter au serviteur, obéit à un certain nombre
d’exigences.
Les
exigences de la prière quotidienne
Imaginez
un instant que vous recevez une invitation d’honneur de l’ensemble des
Présidents de ce monde pour une rencontre qui vous est spécialement dédiée.
Dans quel état d’esprit serez-vous et quelles dispositions vous ne manquerez de
prendre pour faire bonne figure ? Et pourtant, les moments de prière sont des
instants d’audience que nous accorde le Président de tous ces présidents
mortels, mieux, leur Créateur, ALLAH.
C’est
pour avoir compris la richesse intime d’une telle communion que certains élus
de DIEU entrent dans un état second pendant la prière. Ce dialogue avec le
Créateur ne peut se faire dans le désordre et la négligence.
«
Malheur donc, à ceux qui prient tout en négligeant (et retardant) leur Prière,
qui sont pleins d’ostentation… » S 107, V4 à 6).
Les
savants énumèrent tous les agissements qui mettent en avant, la négligence du
fidèle. Il s’agit de ceux qui n’accomplissent pas la prière à l’heure convenue.
L’exécution de la prière correspond à des instants biens définis, qui sont des
espaces horaires à l’intérieur desquels l’on peut l’accomplir à des heures bien
circonscrites. Par exemple, si la prière du début de l’après-midi peut avoir
lieu entre 12 h 45 et 14 h 30, toute heure choisie pendant cet espace horaire
pour cette prière vaut, sauf que les meilleurs moments sont les premiers
instants.
Pour
l’employer ou l’employeur musulman, observer les prières dans leur espace
indiqué ne fait que les rendre plus productifs, plus inventifs et créatifs, tout
en apportant de la ‘‘Baraka’’ (Miséricorde) à leur travail et leurs activités.
La
négligence concerne également le fait de regrouper les prières. Il n’est pas
permis au fidèle de les regrouper d’autant plus qu’il n’a pas qu’une heure
définie, mais un espace horaire pour l’exécuter. Les regroupements de prières
ne sont permis que dans le cadre d’un voyage (où on peut regrouper celle du
début d’après-midi et du soir) ou lors d’une situation naturelle ou non, qui
empêche les musulmans de se regrouper pour la prière de groupe (cas d’insécurité,
de grande pluie où l’on peut faire la prière de la nuit immédiatement après
celle du coucher du soir, ce cas n’étant permis qu’à ceux qui officient la
prière à la Mosquée).
Le
patient n’ingurgite pas à la fois cinq comprimés au même moment, là où son
médecin lui demande de le faire en suivant une posologie bien définie. DIEU Qui
est le Médecin par excellence, a voulu certainement mettre le fidèle à l’abri d’une
‘‘overdose spirituelle’’ en lui enjoignant d’observer la prière à des heures
bien prescrites. Le Messager d’ALLAH saw a averti ses compagnons en ces termes
: « Lorsqu’un homme fait sa prière à son heure fixe, cette prière monte au
ciel, pleine de lumière jusqu’à ce qu’elle arrive auprès du Trône et demande à
Dieu de pardonner à son auteur jusqu’au jour de la résurrection en disant à cet
homme « Que Dieu te garde comme tu m’as accomplie ». Mais si l’homme fait sa
prière hors de son heure fixe, cette prière monte au ciel, entourée d’une
obscurité, et arrivant au ciel, elle sera enveloppée comme on enroule un
vêtement râpé et la lui flanquera au visage. Elle lui dira : « Que Dieu t’égare
comme tu m’as délaissée ». Son visage est ainsi sevré de lumière divine,
jusqu’à ce qu’il se repente sincèrement et observe correctement la prière.
La
négligence apparaît aussi dans le manque de concentration pendant la prière. En
se mettant sur la natte de prière, le serviteur doit matérialiser dans son
mental, la présence de la divinité. C’est ce qui explique d’ailleurs la posture
d’humilité dans laquelle il se trouve, mains jointes et posées sur la poitrine,
visage baissé, comme s’il était devant l’Autorité Suprême. Le Messager d’ALLAH
saw a dit : « L’excellence de la foi consiste à adorer Dieu comme si tu le
voyais, car si toi tu ne le vois pas, Lui te voit ». Hadith rapporté par
Mouslim.
Le
fidèle est tenu d’être en état de sacralité, symbolisé par les ablutions. Il
doit être dans un lieu propre, porter des habits propres avant d’exécuter sa
prière, car le Messager d’ALLAH saw a dit : « Allâh est propre et aime la
propreté ».
Même
si le fidèle exécute un travail salissant, il doit prendre sur lui, le soin de
venir à son lieu de travail avec un habit propre et se débarrasser de toute
souillure avant la prière.
Il
s’agit en réalité d’un état de propreté qui prend en compte celle du corps, de
l’âme et du cœur.
La
prière canonique demeure la mamelle nourricière par excellence de la foi du
musulman, voire le cordon ombilical qui le lie à son islamité. Les conséquences
de sa négligence sont drastiques pour lui ici-bas et dans l’au-delà. Autant une
prière exécutée dans la piété et les règles de l’art, apporte confort et
aisance, autant elle le précipite dans les bras de la gêne et de l’instabilité
lorsqu’il s’en débarrasse.
Chaque
acte de la prière est porteur d’une philosophie profonde et telle qu’exécutée
en Islam, elle apparaît à tout égard comme une forme achevée ou parachevée de toutes
les formes de prières que les cycles de la révélation prophétique ont connu à
travers les âges.
La
prière est sans doute, l’arme et le bouclier du musulman dont l’intercession
est garantie et promise en sa faveur le jour des comptes. Elle vaut
bénédiction, protection, communion et ouvre la voie à l’assistance divine
permanente. Heureux, les serviteurs qui savent l’honorer, car conformément aux enseignements
prophétiques, « le premier compte à régler parmi les cultes du serviteur, le
jour de la résurrection est la prière, si elle est valide, toutes ses actions
seront valides, mais si elle est corrompue, toutes ses actions seront alors corrompues.
»
El Hadj Diabaté Fousséni ( journaliste-écrivain, contributeur)