1989. Koumassi Sopim (sud Abidjan). Au milieu du salon, je revois encore tante Rokia, dans un courroux noir. Elle avait débarqué à la maison, sans prévenir. Et pour cause, Issiaka, son fils aîné, avait été conduit chez un psy par la nouvelle compagne de papa. L’enfant de 8 ans, turbulent, devenu rebelle par la force des choses, était reparti avec elle, à Bouaké. Aujourd’hui encore, il garde les cicatrices de cette période de conflits et d’instabilité. Dans son (nouveau) foyer, dame Matenin, visage d’ange, réussit à prendre le dessus sur les trois enfants. Sur Papa aussi.
Ce n’est toujours pas à l’avantage de ces dames. Elles ont vite fait d’abandonner et de se laisser bercer par l’attitude téméraire des enfants dont elles ont désormais, au forceps ou en douceur, la prise en charge.
Dans cette configuration, la survie du couple (au-delà des intérêts personnels cachés) prend le dessus sur la relation. Ce n’est pas dans toutes les familles que les enfants sont amenés à changer de papa ou de maman. Heureusement !
Dans les foyers normaux, les divergences des parents (sur ce qui est admis [ou pas] ou sur l’orientation et le cadre de l’éducation) profitent à l’enfant. Il se sert du manque de synergie du couple pour se frayer son propre chemin. À la limite, il devient son propre tuteur, en vivant sa propre expérience, sans gants et à l’abri du cocon familial. À ce moment-là, il n’y a plus de place pour le chapitre « droits et devoirs ». Hélas !
DES DROITS ET DEVOIRS
L’enfance, c’est la période des questions, et des solutions. Là où les deux parties ont besoin de réponses. Les enfants, pour s’assurer qu’ils comprennent (ou qu’ils sont bien compris). Les parents, pour être rassurés que le modèle tracé est bel et bien respecté.
La connaissance et l’application des lois sont des atouts pour améliorer la relation. Sauf que les textes sont suffisamment connus et pas forcément en phase (pour la plupart) avec les us et coutumes. La relation doit s’accommoder aux réalités et aux intérêts des parties.
Selon l’avis d’experts, l’indice de concrétisation des droits de l’enfant en Côte d’Ivoire est de 4,58 / 10.
Dans ce pays, seulement 62% des enfants sont scolarisés. Et, plus de
5 000 enfants travaillent, avec moins d’1 % qui sont rémunérés. C’est sans compter les 5 000 enfants-soldats (selon l’UNICEF) qui ont pris part aux affrontements qui ont eu lieu en Côte d’Ivoire entre 1999 et 2010.
Les organisations et les législateurs doivent encore batailler pour renforcer les droits des enfants dans la famille.
DE LA FAMILLE
L’encouragement et l’affection sont au cœur des interactions entre parents et enfants. Plus que le temps, c’est la nature des activités partagées et les mots échangés qui marquent la relation enfant-parent. Ils participent à renforcer (ou non) les liens entre eux.
Des idées, des activités. Discuter, rire ou s’amuser. Tout y passe pour créer un environnement propice au renforcement des liens. Et la demande est dans les deux sens.
Ces bons moments que l’on appelle de tous ses vœux, et rendus possibles par des petites choses, parfument le quotidien de la famille.
C’est à la racine que doit donc se faire l’essentiel de la sensibilisation, si l’on veut avoir une nation où règne la cohésion sociale.
La rédaction