Pour les premiers sacrements à savoir les sacrements de baptême, de confirmation et de l’Eucharistie, ce temps de formation doctrinale est appelé le catéchuménat, conformément aux dispositions du canon 788 dans ses §§ 1 et 2. Quant à celui exigé pour le sacrement de l’ordre, il se laisse entrevoir au regard du Can. 235 §1, dans cette institution voulue et érigée par le législateur sous le vocable de grand séminaire.
En ce qui concerne le sacrement de mariage, le même législateur exige une période de formation assez consistante. Celle-ci est appelée période de formation pré matrimoniale.
C’est le Can. 1063 qui en parle. Les premiers mots de ce canon soulignent très explicitement la portée de cette préparation. Ce qui laisse entendre un intérêt particulier de cette disposition aussi bien pour le législateur qui l’a décrétée que pour tous ceux que cette norme interpelle à savoir les « Christifideles », qu’ils soient laïcs ou clercs.
Interpellé à double titre par cette norme en notre qualité de pasteur au sens générique du terme et de canoniste, nous voulons comprendre l’intelligence juridique qu’elle renferme afin de mieux la revêtir de sa vraie tunique pastorale pour le bien de l’Eglise en général et pour nos jeunes églises d’Afrique en particulier. La problématique majeure qui constituera la toile de fond de notre présente réflexion est celle de savoir quel est l’intérêt pour les fidèles chrétiens africains de se conformer à l’esprit juridico-pastoral d’une telle norme ? Mieux, la préparation pré matrimoniale est-elle bénéfique pour les chrétiens d’Afrique ?
La pertinence de cette question, dans une Afrique de plus en plus occidentalisée et sujette à des cultures dérivées et empruntées çà et là, avec malheureusement tout son cortège de « virus moraux et spirituels » qui blessent et affectent lentement, mais sûrement et même dangereusement l’univers africain, exige d’autres questions objectivement intéressantes même si elles restent secondaires. C’est alors que nous nous demandons : Pourquoi une telle préparation ? Comment doit-elle se faire ? Quel doit être son contenu ? Combien de temps doit-elle durer ? Qui en est l’autorité ecclésiastique compétente ? À qui doit-elle être destinée ?
Mû par le désir de donner à notre investigation toute la latitude de naviguer dans les eaux de la seule sphère juridico-pastorale, nous nous limiterons au code en vigueur et à ses sources immédiates à savoir la codification de 1917, la législation conciliaire de Vatican II et celle postconciliaire.
Ces quatre (4) piliers indispensables pour soutenir scientifiquement notre réflexion lui donnent le privilège de suivre l’élan d’un cheminement en six (6) étapes. D’abord, nous parlerons de la finalité de la formation pré matrimoniale. Ensuite, nous définirons les moyens dont elle doit se servir. En troisième analyse, nous résumerons l’essentiel de son contenu. Dans une quatrième réflexion, nous insisterons sur les étapes de cette formation. Un cinquième point sera consacré aux sujets actifs de la préparation. Et enfin, dans une dernière étape, nous indiquerons les sujets passifs de cette préparation.
Lorsque nous analysons minutieusement toutes les législations, aussi bien canonique que conciliaire relatives à la formation pré matrimoniale, nous nous apercevons qu’elles jettent substantiellement une lumière singulièrement joyeuse sur une double finalité à savoir la finalité subjective et celle objective. En effet, ces deux finalités résument le pourquoi de la nécessité de la préparation pré matrimoniale. Dans une logique de concision et de précision propre à la science juridique, nous analyserons ces deux finalités en respectant les limites (les clauses) que nous sous sommes librement données à savoir les quatre aires scientifiques citées un peu plus haut.
Dans le Can. 1063, le législateur résume les différentes voies dont on doit se servir pour la préparation prénuptiale. Il s’agit de la voie de la prédication, de la catéchétique, des moyens de communications et enfin de celle liturgicosacramentelle.
Considérant les dispositions établies au Can. 1063 1°, nous osons affirmer que trois sont les points fondamentaux autour desquels doit être articulée la formation pré matrimoniale. Il s’agit d’abord du sens du mariage chrétien, ensuite du rôle des conjoints et enfin du rôle des parents chrétiens.
Selon la « magna charta » des familles qu’est l’exhortation apostolique « Familiaris consortio », on distingue précisément trois étapes de la formation pré matrimoniale. En premier, il y a la préparation éloignée. Ensuite, il y a la préparation prochaine et enfin, la préparation immédiate.
Selon le Can. 1063, les sujets actifs de la préparation prénuptiale sont principalement les pasteurs d’âmes et les communautés ecclésiales. En plus de ces derniers, nous pouvons parler aussi de l’ordinaire du lieu et de la conférence épiscopale conformément aux autres normes de caractère pastoral.
Selon le Can. 1063, les fidèles, en général, et les catéchumènes ainsi que les futurs époux, en particulier, sont les vrais destinataires de la formation pré matrimoniale.
L’étude de ce sujet nous a permis de comprendre la portée de la formation pré matrimoniale. Cette formation, voulue par le législateur ecclésiastique, vise non seulement à disposer les fidèles chrétiens, en général, et les futurs époux, en particulier, à vivre pleinement et librement leur vocation à la vie matrimoniale mais aussi à protéger l’institut même du mariage contre toutes formes d’abus dont il pourra être victime. En effet, la formation pré matrimoniale a pour objectif principal d’introduire les futurs époux dans une relation sponsale avec l’institut du mariage dont ils deviennent les défenseurs et les apologètes. Être apologètes du mariage sacramentel signifie vivre en toute objectivité ses caractéristiques essentielles au bénéfice même de la société ecclésiale, d’une part, et d’autre part, de la société humaine. C’est justement, en vue de construire une société plus humaine et plus chrétienne que la formation pré matrimoniale requiert la participation de tous les « christifideles ». Tous, en tant que baptisés, jouissent du droit-devoir de s’investir sérieusement, chacun selon sa condition propre, dans la formation pré matrimoniale, afin que le mariage soit vécu non plus comme une simple réalité sociologique, mais plutôt comme une mission effective et affective.
Père Yvonnick Dakoury