Les risques liés à l'interruption scolaire
Pour M. Gohou, la grève dans le milieu scolaire actuelle représente un véritable défi pour les familles : « Déjà, c'est de commencer à montrer le danger que ces grèves peuvent avoir sur la performance scolaire des enfants, puisque ça les rend oisifs, donc sans encadrement des enseignants », explique-t-il.
Le sociologue souligne un risque majeur : « Ça peut faire qu'ils perdent cette notion du fait de l'éloignement de l'école ». En d'autres termes, l'absence prolongée du cadre scolaire peut entraîner un relâchement des habitudes d'apprentissage, de la discipline et de la motivation nécessaires à la réussite académique.
La responsabilité parentale en temps de crise
Face à cette situation exceptionnelle, M. Gohou est catégorique : « Durant cette période de rupture de l'encadrement scolaire, il est urgent que les parents prennent le relais concernant l'éducation de leur progéniture, parce que ce sont eux les premiers concernés par la réussite ou la contre-performance des élèves. »
Cette responsabilisation parentale s'inscrit dans une réalité sociologique fondamentale que rappelle l'expert : « Le premier cadre de socialisation de l'enfant, c'est le cadre familial. » Bien que l'école joue un rôle crucial dans l'éducation, la famille demeure le socle sur lequel se construit l'avenir de l'enfant.
Des solutions concrètes pour les parents
Selon M. Gohou, l'implication parentale peut prendre différentes formes, en fonction des ressources et des disponibilités de chacun. Il propose deux approches complémentaires, à savoir l’encadrement direct et l’encadrement indirect.
« Cette implication des parents peut se faire de manière directe [...] en révisant avec les enfants », précise le sociologue. Cette approche consiste à s'investir personnellement dans le suivi scolaire. Les parents peuvent établir un emploi du temps quotidien incluant des plages horaires dédiées aux révisions. Il est également recommandé de revoir ensemble les dernières notions étudiées en classe, de proposer des exercices supplémentaires et de vérifier régulièrement les cahiers et manuels scolaires. L'objectif est de maintenir une routine d'apprentissage similaire à celle de l'école.
Pour les parents qui manquent de temps ou se sentent dépassés par certaines matières, M. Gohou recommande une alternative : « [L'implication peut se faire] de manière indirecte en mobilisant les services d'un répétiteur, par exemple. » Cette solution permet de maintenir une continuité pédagogique tout en s'adaptant aux contraintes familiales.
D'autres possibilités d'encadrement indirect existent également. Les parents peuvent envisager l'inscription à des cours de soutien collectifs qui permettent aux enfants de maintenir un cadre d'apprentissage structuré. La formation de groupes d'étude entre camarades de classe représente une autre option intéressante, favorisant l'entraide et la motivation mutuelle. Enfin, l'utilisation de ressources éducatives en ligne adaptées au programme ivoirien peut compléter utilement ces dispositifs.
La grève des enseignants représente un défi important pour notre système éducatif, mais elle peut aussi devenir une opportunité pour renforcer l'implication parentale dans la scolarité des enfants. Comme l'affirme M. Serge Gohou, « il faut que les parents s'impliquent véritablement dans l'éducation des enfants dans cette période de crise scolaire, parce que le premier cadre de socialisation de l'enfant, c'est le cadre familial. »
À travers cet engagement, les parents ne font pas seulement face à une situation temporaire, ils investissent dans l'avenir de leurs enfants en consolidant cette vérité fondamentale : l'éducation est une responsabilité partagée entre l'école et la famille.
Richard Konan