Mot d'Esprit
Un vieux assis voit plus loin qu'un jeune debout. - Proverbe africain
S'inspirer
Focus esprit

Les Roger-Gouria, couple juriste aveugle : les incroyables !

On n’a presque pas envie de faire de commentaires. Seulement les écouter, les lire. Rien écrire, rien ajouter encore moins, en retirer. L’histoire de ces deux personnages ne se confond pas, elle s’entrelace, croustille et s’épouse. M. et Mme Roger-Gouria, couple non voyant pourtant inspirant et motivant. Appelons-les, Les Incroyables. Levée de rideau !

il y a 1 an

« J’étais en classe de première lorsque je me suis vu fortement handicapé dans la poursuite normale de mes études classiques car devenu aveugle... Cependant, j’ai été le premier handicapé en Côte d’Ivoire à avoir le Bac. J’ai été admis à la table du premier Président de la République de Côte d’Ivoire, feu Félix HOUPHOUËT-BOIGNY » ..., Jacob ROGER-GOURIA, personne en situation de handicap visuel, directeur général d’Entreprendre Avec sa Différence (EAD), qui est une entreprise de production et d’événementielle de sensibilisation à caractère social et solidaire. Président du Conseil d’administration de l’Association de Coopération avec la Côte d’Ivoire et d’Aide aux Handicapés, (ACACIAH), une association de solidarité internationale dont le siège se trouve en France. Président fondateur du Mouvement Ivoirien des Citoyens Handicapés (MICH).

« A la suite d’une méningite cérébrale, j’ai perdu ma mobilité. « Je ne pouvais pas parler, ni marcher, je ne pouvais pas voir… En 2009, j’ai pu être la première personne en situation d’handicap à participer au programme Hubert Horatio Humphrey Fellowship qui existe depuis 1978.

Ce programme est très sélectif et permet à des professionnels d’aller passer une année dans des universités aux Etats-Unis dans le domaine de leur choix et de s’instruire de l’expérience américaine », Me Brigitte MENSAH, épouse ROGER-GOURIA, présidente du MICH. Entre ces deux moments, pour l’un comme pour l’autre, ce fut des épreuves, un combat au quotidien. Se battre pour vivre, donner un sens à sa vie, vivre sa vie, assumer son handicap avant de parvenir à le surmonter. Comment sont-ils y parvenus ? Où ont-ils tiré la force pour faire face à ce cauchemar ?

« Les débuts ont été difficiles. Il faut se booster soi-même, parce que c’est un combat de tous les jours. Ce qu’une personne dite valide arrive à faire en posant un seul acte, nous, il faut qu’on le fasse trois, quatre, voire dix fois avant d’être accepté. On n’a pas droit à l’erreur. On se dit qu’en situation de handicap, on ne doit plus se tromper d’objectif. C’est ce qui fait qu’on rebondit chaque fois. Il ne faut pas baisser les bras », explique ROGER-GOURIA. Réponse de son épouse : « Ce que j’avais en tête quand j’étais malade, c’était de recouvrer la mobilité, parce que je suis de nature une personne qui n’aime pas beaucoup dépendre des autres, redevenir autonome le plus vite possible. J’aime trop la vie ! Si Dieu a décidé que je passe par là, c’est pour que je puisse donner un exemple aux autres. »

Quand vous vivez, vous pouvez tout faire et la vie mérite d’être vécue ». Une existence axée sur la lutte pour la reconnaissance des droits des personnes handicapées dont les victoires sont pour eux, des grands moments de joie. « La création du mouvement ivoirien des citoyens handicapés est un grand moment.

C’est cette association qui nous a permis en termes de plaidoyer et de lobbying d’avoir une relative avancée du milieu du handicap.

A titre d’exemple, le Mouvement ivoirien des citoyens handicapés a été auprès des autres structures de personnes handicapées, celle-là même qui a mené le plaidoyer pour que la Côte d’Ivoire puisse ratifier la convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. Les Nations Unies ont une convention qui s’appelle 61-106, que la Côte d’Ivoire avait signée mais n’avait pas ratifiée. Donc nous avons fait beaucoup de plaidoyers et de lobbying et la Côte d’Ivoire a fini par ratifier en janvier 2014.

Ensuite, nous avons poussé loin en nous penchant sur la citoyenneté des personnes en situation de handicap, parce qu’on dit que nous sommes des citoyens à part entière et non entièrement à part.

Il n’y est pas de raison que nous soyons en dehors du processus électoral ». Chapeau de cette lutte reconnue : le Prix d’excellence 2018 pour la Valorisation des Compétences Féminines décerné à madame ROGER-GOURIA par le Président ivoirien, S.E.M Alassane OUATTARA, le 6 août 2018.

La rédaction