L ’auteure, Affoué Malan, nous plonge dans les griffes de la violence conjugale d’un pervers narcissique, nommé Demidieu, le mari d’Affelie, notre personnage principal.
Après leur mariage, célébré en grandes pompes, Affelie ne mettra pas longtemps à découvrir le vrai visage de son mari. Il devenait de plus en plus autoritaire, voulant absolument tout maitriser de celle qui faisait office d’épouse. Rien ne devait lui échapper, c’est lui qui avait les clés en main. Il la tenait, tel un lion qui bondit sur sa proie. Son emprise et sa violence étaient quotidiennes ; sous le regard complice de sa mère, Mami N’Doman. Affelie vivait dans la peur constante d’essuyer des coups ou de ne pas être à la hauteur des attentes de son mari. Elle rasait constamment les murs, dans sa propre maison.
Amaigrie, elle devenait l’ombre d’elle-même. Lorsque Demidieu fut promu président-directeur général de l’entreprise qui l’employait et qu’il devint professionnellement et financièrement puissant, l’atmosphère conjugale se mua peu à peu en un univers infernal pour Affelie. L’humiliation, les violences, morale et physique, qu’elle subissait, en présence même du personnel domestique, s’intensifièrent.
C’est un peu l’histoire de toutes ces femmes, ici et ailleurs, maltraitées dans leur foyer ou dans leur vie professionnelle, mais qui finissent par se persuader, impuissantes face à leur sort, qu’elles y sont, elles-mêmes pour quelque chose. Minées dans une société machiste, qui les rendra forcément coupables de l’échec de leur mariage, très peu arriveront à sortir de ces souffrances. Pire, la plupart de ces femmes accepteront en silence leur sort, et comme exutoire, trouveront probablement refuge dans la religion ou le charlatanisme, sous le regard complice des parents ou des amis. Une passivité complice qui généralement n’aide pas à éviter le pire.
Qu’en sera-t-il d’Affelie, de ses deux enfants et de son bourreau de mari ? Pour en savoir davantage, le lecteur est invité à se plonger dans Les blessures du silence.
Ce livre, à bien des égards, montre le chemin de la résilience. Cet ouvrage pourrait particulièrement présenter un intérêt pour les plus jeunes, mais aussi pour tous ceux qui croient aveuglément en l’amour parfait. Evidemment, il ne s’agit pas de les en dissuader, mais d’attirer leur attention sur les conséquences qui généralement en découlent. Les blessures du silence est un roman attachant, qui se laisse lire aisément.
Isabelle Kassi Fofana (directrice générale de Massaya Editions)