À l’origine, en Grèce, l’Art Oratoire s’occupait essentiellement du discours politique puis il s’est étendu à d’autres disciplines comme la littérature et l’art dramatique.
C’est Cicéron qui, le premier, propose une théorie de l’art oratoire avec l’essai philosophique « De Oratore ».
L’art oratoire est un art, en ce sens qu’il propose une dimension esthétique du discours ; mais aussi parce qu’il requiert l’apprentissage d’une méthode et donc d’une technique. L’art oratoire n’est pas inné, il s’apprend, et débute là où commence la vie publique.
Qu’il s’agisse de s’exprimer dans le monde professionnel, le milieu associatif ou le combat politique, en face à face, au sein d’un groupe ou devant un auditoire, chaque fois on le fait au titre d’un rôle écrit par la société des hommes.
On doit alors construire un personnage qui soit la juste traduction physique, vocale et intellectuelle de ce rôle.
Les styles d’expression changent à l’infini, en fonction des orateurs et des situations. Invariante, la technique permet l’adaptation pertinente des styles. « On naît poète, on devient orateur » Cicéron.
CINQ AXES MAJEURS POUR PRATIQUER L’ART ORATOIRE
L’étape majeure consiste à préparer le message. Cinq préceptes sont requis : simplifier votre discours. Informer, c’est choisir. N’oubliez pas que trop d’informations noient l’information. Écrivez votre discours sur des fiches bristols, une technique éprouvée.
Inscrivez le cœur de votre message, étayez par des exemples précis, quelques chiffres significatifs. Soyez concrets. Le public, votre auditoire, doit se sentir concerné par votre propos, qui devient, par l’intermédiaire de votre oralité, le sien. Vous lui transmettez votre message.
Anticipez toutes les questions, en identifiant les « pourquoi » et les « comment » et, pour y répondre, raccrochez-vous à l’actualité, à des informations qui feront sens dans les esprits. Avant votre prise de parole, répétez votre discours.
Écoutez-vous et réécoutez-vous, jusqu’à ce que vous parveniez à une maîtrise de votre propos. Vos fiches bristol ne seront plus que des supports-repères. Vous y aurez souligné les deux ou trois idées forces et les mots-clés.
Enfin, n’oubliez pas de vous positionner en expliquant un sujet. Il n’est pas question pour vous de chercher à justifier un sujet.
LES CINQ RÈGLES D’OR
Si vous deviez retenir cinq principes ? Cadrez votre sujet pour ne pas vous laisser emporter sur des terrains glissants.
Si une question vous semble trop éloignée, recentrez pour demeurer dans votre cadre. Répondez aux journalistes ou au public, mais, n’oubliez jamais votre fil conducteur, l’ossature de votre propos. Laissez parler les faits : ils sont têtus !
Le public aime les discours pragmatiques qui répondent à des préoccupations qu’ils connaissent ou auxquelles ils vont pouvoir s’identifier. Ne soyez pas techniques, n’employez pas d’acronymes et autres sigles, demeurez clairs et précis, au moyen d’exemples « universels ». Enfin, demeurez synthétiques : vous vous adressez à un public qui ne maîtrise pas votre sujet et qui doit, après vous avoir écouté, être en capacité d’en écrire une synthèse sans dévoyer le sens.
Pour respecter la pratique de l’art oratoire avec aisance, mettez-vous à la place de votre public. Ce que l’autre va retenir se résume en cinq points : que cherchez-vous à dire, que dites-vous, que va entendre votre auditoire, que va-t-il en comprendre, que va-t-il en restituer ?
Maurelle Kouakou