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Spiritualité
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Islam : Le statut de la femme

De la chosification de la femme, perçue comme un objet marchandable ou un bien testamentaire, au dépouillement de sa dignité et son identité où elle pouvait être même enterrée vivante à sa naissance, à l’hymne de triomphe de gloire qui viendra l’extirper de ce bourbier déshumanisant, le statut de la femme a connu des années d’évolution sous l’avènement de l’Islam.

il y a 1 an

Que la femme devienne le pilier central du noyau familial, aucun projet de société ne se bâtit sur une fondation solide sans lui garantir les droits qui lui permettent de jouer pleinement sa part de responsabilité au sein du corpus sociétal.

La valorisation de la femme par l’Islam relève de l’injonction divine, plus que d’une convenance de simplicité sociologique. A l’image de tout berger responsable de son troupeau, la femme, au vu de l’Islam, a certes des devoirs en tant que bergère de l’équilibre social au même titre que l’homme, mais elle a aussi des droits qui lui sont garantis.

DEVOIRS ET RESPONSABILITES DE LA FEMME

« Ô humains ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés à partir d’un seul être dont il a tiré son conjoint. De leur union, Il a fait proliférer tant d’êtres humains, hommes et femmes… ». Sourate 4 Verset 1.

La responsabilité de la créature se décline sur deux principaux axes relationnels, l’un prenant en compte la dimension verticale (la relation avec le Suprême) et l’autre mettant l’accent sur la dimension horizontale (les rapports avec l’homme et la nature). Au même titre que l’homme, la femme est redevable à Dieu, dans le sens de l’obéissance et la soumission exclusive. La vie du croyant est de fait, une vie de plénitude dans l’adoration. Au-delà du culte et de sa portée cérémoniale, c’est toute la force du souvenir permanent de Dieu ou de sa Présence permanente dans le quotidien du musulman, tant dans ses actes que dans ses paroles et ses intentions.

L’adoration devient ainsi la torche de l’humanité, la source d’où jaillit l’étincelle de sa richesse. Perçue comme telle, l’adoration n’est pas une corvée, elle est un droit et même un privilège, la fontaine de la vivacité du cœur, de la bonne santé de la vue de l’âme et de l’esprit. Ce privilège d’être dans le secret de l’intimité divine est aussi accordé à la femme.

Être digne et plein, valeureux auprès du Créateur. Un être à part entière, jouissant de toute sa radiance et sa noblesse. Elle n’est plus qu’une simple créature autrefois marginalisée, mais mieux, elle est également investie de la mission de vicaire et donc de lieutenant de Dieu sur terre.

« Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges : « Je vais établir sur la terre un vicaire ». S 2 V 30. Responsable devant Dieu par l’attachement inconditionnel à ses injonctions, la femme est aussi investie de la mission de gouvernance temporelle. Tirée de la côte de l’homme, elle représente pour lui, la part de complétude et de complémentarité dans le train-train quotidien de la vie. « Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté. Il y a en cela, des preuves pour des gens qui réfléchissent. » S 21, V23.

Manifestement, nous ne sommes pas en présence d’une créature de seconde zone, entièrement à part, mais d’une pièce indispensable à l’équilibre et l’harmonie du puzzle sociétal. C’est pour cela que la femme sera interrogée au même titre que l’homme, sur sa part de responsabilité dans la construction du modèle familial, calqué sur les principes de foi, des valeurs et de vertus.

Dans un Hadith mis en évidence par l’Imam Bhoukary, (ra), le Messager d’ALLAH, Mouhammad saw a dit : « Chacun d’entre vous est un berger et chacun d’entre vous est responsable de son troupeau. L’imam est un berger et responsable de son troupeau. L’homme est un berger dans sa famille et responsable de son troupeau. La femme est une bergère dans la maison de son mari et responsable de son troupeau. Le serviteur est un berger quant aux biens de son maître et responsable de son troupeau. Chacun de vous est donc berger et responsable de son troupeau. »

Créature accomplie, servante avertie, l’Islam garanti à la femme, ses droits à toutes les échelles de la vie sociale, à la fois en tant que fille, épouse et mère.

PROCLAMATION SOLENNELLE DES DROITS DE LA FEMME

Lorsque Dieu proclame la dignité de la femme, Il lui offre ainsi le témoignage de la plénitude de son émancipation spirituelle, intellectuelle, morale, matérielle et financière. La femme a donc droit, à ce titre, autant que l’homme, aux mêmes chances de réalisation et d’épanouissement dans la société. Elle a droit à l’éducation, à la dignité, à la propriété, à l’héritage, en somme, à tout ce qui lui garantit la protection juridique et sociale.

L’égalité de traitement entre l’homme et la femme n’est point négociable. Au cœur de cette péninsule arabique d’où part le processus d’achèvement du cycle prophétique et où la femme est banalisée et chosifiée, le Messager d’Allah saw porte une promesse aux membres de la communauté musulmane, en leur disant que Dieu garantit une demeure au Paradis pour celui à qui Il accorde des enfants et qui les éduque sans distinction entre les filles et les garçons.

La femme musulmane peut-être leader dans sa communauté. Le cas de la reine Bilkis (La Reine de Saba) dans le Saint Coran est assez illustratif en la matière. « J’ai trouvé qu’une femme est leur reine, que de toute chose elle a été comblée et qu’elle a un trône magnifique. » S 27 V 23. Elle peut prospérer dans le monde des affaires, toutes fois qu’il s’agit d’activités licites menées en accord avec les principes et les exigences de sa foi.

La première épouse du Messager d’Allah, Kadijat (raa) fut une cheffe d’entreprise riche et prospère qui a d’ailleurs employé l’envoyer de Dieu saw, avant qu’elle ne manifeste le désir de se voir unir à lui, grâce aux excellentes qualités humaines et spirituelles qu’il incarnait. Ainsi, même dans le cadre du mariage, la communauté de bien n’est pas prisée par l’Islam. Les biens de la femme lui reviennent de fait et de droit, peu importe sa richesse ou la situation financière de son époux, d’autant plus que l’entièreté des charges de la famille sont de la responsabilité de l’homme.

Naturellement, elle est encouragée à s’investir pour sa famille, car aux dires du Messager d’Allah, saw, la meilleure aumône accomplie par le serviteur est celle réalisée en faveur de la famille nucléaire. Il faut mettre les siens à l’abri du besoin avant d’étendre l’éventail de la solidarité agissante.

Que de plus en plus, l’on assiste au partage de charges dans les couples musulmans, cela n’est pas qu’une violation des textes, mais c’est une renonciation à une part importante de Miséricorde que le Seigneur garantit pour tout homme responsable qui assume les charges de la famille, sauf cas d’indigence ou de force majeure.

« Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens… » S 4 V 34. L’obéissance de la femme dans l’obéissance en Dieu découle ainsi de toute logique naturellement, dans la complémentarité intelligente.

Il ne revient pas à l’homme de contrôler les affaires ou les comptes bancaires de son épouse ou de lui soustraire de force, des ressources quelconques, pourvu qu’elle les utilise licitement sans orgueil ni dilapidation.

La femme musulmane hérite également de l’époux défunt et le Messager d’Allah saw met en garde contre ces « coupeurs de route » qui s’accaparent d’une portion d’héritage auquel ils n’ont droit. Des témoignages sombres et tristes, où bien des fois, des orphelins et des veuves sont dépouillés de leur dû, des pratiques qui encourent la colère divine.

La femme n’est exemptée d’une activité ou profession quelconque que lorsqu’elle porte atteinte à sa foi, sa dignité et sa sensibilité de femme, lorsqu’elle est supposée illicite, ou lorsqu’elle constitue une menace pour l’équilibre de son foyer et de sa famille. Tout ce qui est licite et valorisant lui est permis, tant que cela l’aide à vivre dignement, dans le souvenir permanent de Son Seigneur.

Que les jurisconsultes et savants musulmans présentent la femme comme une reine ou une princesse, ce n’est pas qu’un simple champ lexical pompeux, au regard de son statut dans la période antéislamique. Du déni à la proclamation solennelle de la plénitude de son identité, l’Islam a posé tous les jalons devant lui permettre d’affirmer son humanité et son rôle majeur de pilier de consolidation de l’équilibre sociétal, communautaire et national.

Le soupçon de grâce et de douceur dans un monde parfois mouvementé, où l’orgueil des hommes, dans la quête assoiffée du pouvoir, a souventes fois conduit l’humanité dans les méandres du désastre. Une source de consolation dans un monde de contradiction et d’affliction, la porte de secours face aux angoisses infâmantes et au spleen existentiel.

Et pour permettre à la femme d’être cette source de confort, l’éducation, l’instruction, la formation religieuse et spirituelle, l’initiation aux valeurs citoyennes, civiques et morales deviennent des impératifs, la meilleure providence pour elle, étant la piété. Admirable moralement, constante dans la pratique de sa foi, toujours vertueuse et décemment habillée et voilée, toutes choses qui protègent du mal venant des créatures nuisibles, visibles ou invisibles.

N’agir que pour la quête de l’amour de Dieu, dans l’obéissance à Ses injonctions, l’observation des règles de pudeur et de décence, la femme musulmane doit être un miroir d’exemplarité, parce qu’elle est la porteuse de la postérité de l’humanité et le Messager d’Allah saw l’a dit avec élégance : « La meilleure provision de ce monde est la femme pieuse ».

El Hadj Diabaté Fousséni (journaliste-écrivain, contributeur)