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Relations familiales

Faut-il être ami avec son enfant ?

De plus en plus de parents cherchent à établir une relation de proximité avec leurs enfants. On veut qu’ils nous fassent confiance, qu’ils se confient sans peur, qu’ils se sentent bien chez eux. Et dans cet élan, une question revient souvent : est-ce qu’on peut, ou doit, être ami avec son enfant ?

il y a 3 mois

À première vue, l’idée est séduisante. Mais derrière cette aspiration à la complicité, se cachent des enjeux plus complexes. Être parent, ce n’est pas tout à fait comme être un copain.

L’envie de complicité : une aspiration légitime

Évidemment, tout parent rêve de partager des fous rires avec son enfant, d’avoir des discussions profondes, de créer une vraie proximité. On veut être là, disponibles, à l’écoute. Et il faut le dire : cette complicité, quand elle existe, est précieuse. Elle permet à l’enfant de se sentir en sécurité émotionnelle, valorisé, compris.

Rire ensemble, s'intéresser à son monde, écouter sans juger : ce sont des gestes essentiels pour construire une relation forte. Et oui, cela ressemble parfois à une amitié. Mais ce n’en est pas une.

Être parent, ce n’est pas être égal

Un parent n’est pas un pair. Il n’a pas le même rôle, ni la même posture. Et c’est justement ce décalage qui est structurant pour l’enfant.

1.Un cadre, pas juste une présence : Un ami ne fixe pas de règles. Il n’impose pas d’heures de coucher ou de limites sur l’usage du téléphone. Mais un enfant a besoin de ce cadre pour se construire. Il a besoin de sentir qu’un adulte prend la responsabilité de dire non quand c’est nécessaire.

2.Un repère solide : Quand un enfant est perdu, ce n’est pas un ami qu’il cherche. C’est un adulte stable, qui tient bon même dans la tempête, qui prend des décisions difficiles quand il le faut. Être aimé, ce n’est pas toujours dire oui.

3.Des rôles bien définis : Quand les frontières sont floues, ça déstabilise l’enfant. Si le parent cherche à tout prix à être aimé ou à éviter les conflits, il peut finir par se faire manipuler ou, à l’inverse, par mettre sur les épaules de son enfant un poids émotionnel qu’il ne devrait pas porter.

4.Laisser l’enfant vivre sa vie sociale : Un enfant a besoin d’amis de son âge, avec qui tester les règles sociales, se fâcher, se réconcilier, grandir. Si le parent prend cette place, il peut involontairement empêcher ces expériences nécessaires.

Trouver un équilibre : ni copain, ni autoritaire

Alors, faut-il renoncer à toute forme de complicité ? Bien sûr que non. Ce n’est pas une opposition entre autorité et affection. C’est une question de posture juste.

On peut être un parent complice, un adulte présent, aimant et respecté, sans devenir le “meilleur pote”. Cela passe par :

  • Affirmer son rôle d’adulte : C’est vous le parent. Ce n’est pas négociable. Vous posez le cadre, vous prenez les décisions difficiles, vous êtes le filet de sécurité.
  • Entretenir la proximité : Écoutez sincèrement, soyez curieux de leur monde, riez avec eux. Montrez que vous êtes là, pas seulement pour surveiller, mais pour partager.
  • Dire non quand c’est nécessaire : Avec fermeté mais sans brutalité. Les enfants ont besoin de limites, mais surtout de comprendre qu’elles viennent d’un amour exigeant, pas d’un désir de contrôle.
  • Respecter leur individualité : Ce sont des personnes à part entière, pas des copies de vous, ni des projets à réussir.
  • Montrer l’exemple : Vos actes parlent plus fort que vos discours. Montrez-leur comment on traverse les conflits, comment on gère les émotions, comment on assume ses erreurs.

Au fond, la relation parent-enfant est quelque chose d’à part. Ce n’est ni une hiérarchie autoritaire ni une camaraderie entre égaux. C’est une alliance inégale mais profondément aimante, dans laquelle l’enfant peut grandir en sécurité parce qu’il sait que quelqu’un veille, tient la barre, et l’aime sans condition.

Vouloir être proche de son enfant, c’est beau. Mais ce qu’il attend surtout de vous, ce n’est pas que vous soyez son ami, c’est que vous soyez son parent – et que vous le restiez, même quand ce n’est pas simple.