LES POUVOIRS DE LA GRATITUDE
Les neurosciences le prouvent au jour le jour : pratiquer la gratitude au quotidien est un gage de bonne santé physique et psychique dans la mesure où se connecter à un sentiment de reconnaissance amène le mental à se reposer et le corps à produire de l’endorphine, une hormone du bonheur. De plus, d’un point de vue relationnel, la gratitude améliore la qualité de nos rapports avec autrui car plus nous exprimons notre gratitude aux autres, plus nous sommes appréciés, donc ils sont plus aimables. De plus, donner de soi après avoir reçu, nous fait prendre conscience que nous avons besoin des autres pour exister. C’est le sens de l’assertion de Marcel Proust qui recommande que nous « soyons reconnaissants envers les personnes qui nous donnent du bonheur ; elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries ». Par ailleurs, la gratitude permet de conserver des relations égalitaires entre les hommes parce que, derrière la générosité désintéressée (en apparence), se cachent des obligations du genre « tu dois te comporter avec moi de telle manière ou me remettre telle chose parce que je t’ai rendu tel service ».
Ces obligations peuvent générer une dépendance du bénéficiaire envers le bienfaiteur si le processus n’est pas annulé par un contredon (gratitude). Car comme l’explique Marcel Mauss : « donner, c’est manifester sa supériorité, être plus haut ; accepter sans rendre, c’est se subordonner, devenir client et serviteur, choir plus bas ». La gratitude comporte donc un grand nombre d’effets bénéfiques. Mais comment s’y prendre pour vulgariser cette pratique ?
COMMENT DÉVELOPPER LA GRATITUDE ?
Traditionnellement, la pratique de la gratitude s’opère sous deux formes : matérielle (don d’argent, de vêtements…) et immatérielle (paroles, sourire etc.). Par ailleurs, d’autres procédés peuvent être utilisés afin d’expérimenter la gratitude et ses bienfaits. Pour cela, revisitons l’expérience des psychologues Robert Emmons et Michael McCullough qui ont, en effet, utilisé un ensemble de personnes réparti en trois sous-groupes.
Le premier groupe tenait un journal dans lequel ils notaient toutes leurs expériences quotidiennes, le deuxième, leurs expériences désagréables et le troisième écrivait les évènements quotidiens pour lesquels ils étaient reconnaissants. Après dix semaines, ce dernier groupe était significativement plus enthousiaste, positif et en meilleure santé. Les membres de ce groupe dormaient mieux, étaient moins stressés, avaient de meilleures relations avec leurs entourages et étaient plus performants au travail.
Comme quoi, le secret de la gratitude et, partant du bonheur, est de compter ses bénédictions plutôt que de faire l’addition de ses malheurs. Enfin, il ne serait pas contre-productif de s’essayer à une sorte de méditation quotidienne sur les événements positifs de la journée écoulée, et garder en soi - le plus longtemps possible – le sentiment de reconnaissance envers les personnes qui ont contribué à leur avènement.
Serge Gohou (contributeur)