Des feux tricolores ignorés. Des ordures jetées par les fenêtres, des dirigeants et des citoyens ordinaires qui ne paient pas leurs impôts… la liste est longue… et pourtant le civisme, c’est aussi la marque des États et des esprits développés. C’est l’empreinte pour le citoyen de la connaissance de ses devoirs à l’endroit de la société.
Mais pour nos jeunes États en quête d’émergence bâtie sur des fondements solides, c’est surtout le début du développement soutenu des valeurs morales. En effet les notions de civisme, de respect et, plus encore, de politesse peuvent sembler désuètes et même archaïques à notre époque où l’individualisme nous fait parfois oublier l’existence des autres.
Pourtant, selon un proverbe tunisien, « la politesse est une clé d’or qui ouvre toutes les portes », dont celles de la collaboration et de l’entraide. Une valeur qu'il serait coûteux de mettre en crise si elle ne l’est déjà d’où l’impératif pour les États africains d’assumer leurs responsabilités vis-à-vis de leurs populations aussi longtemps qu’elles ne seront pas imprégnées de sens civique. Parce que le civisme, c’est encore un état d’esprit.
Les énormes investissements dans les politiques agricoles, énergétiques, sanitaires seront des sacrifices vains si le civisme n’est pas au cœur des différentes actions gouvernementales.
Dans beaucoup d’États africains, les manifestations politiques ou syndicales virent bien souvent à la destruction de biens publics ou privés. Transports publics saccagés, feux tricolores sabotés, établissements défigurés etc… Autre volet. L’ambition de nos États à l’instar de la Côte d’Ivoire, de sortir de la pauvreté et du sous-développement les conduit à développer les initiatives pour leur jeunesse à travers l'entrepreneuriat.
Des fonds sont, depuis, mis à disposition de la société pour développer des projets viables. Il y a plus d’une quinzaine d’années, ces initiatives avaient été un échec.
De nombreux bénéficiaires des prêts avaient préféré migrer en Europe ou aux États Unis avec ces fonds publics. Conséquence, l’État ivoirien a dû surseoir à cette politique avant de la reprendre il y a quelques années, avec le soutien de partenaires extérieurs.
Ce n’est pas tout. Bien d’autres secteurs d’activités sur notre continent connaissent des tares, notamment s'agissant du respect de la ponctualité : l’heure africaine ? Qu’est-ce que c’est, si ce n’est une appellation enjolivée d’un incivisme qui cache une irresponsabilité face aux devoirs des citoyens.
Le Rwanda est le pays qui aura de loin compris l’importance du civisme dans le développement. Ce pays est aujourd’hui un modèle d’ordre et de propreté.
Dans ce pays de l’Est du continent, les sachets en plastique sont formellement interdits. Sachets de bonbons et de biscuits sont introuvables sur le marché. Aucun sachet n’est jeté sur la voie publique. La propreté est un mot d’ordre bien suivi. « Vous mangez des bananes mais n’en jetez pas les épluchures n’importe où ». Le civisme là-bas désigne encore le respect du citoyen pour la collectivité dans laquelle il vit et de ses conventions, dont sa loi, du respect de la « chose publique » et de l’affirmation personnelle d’une conscience politique.
La rédaction