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Vie professionnelle

Changer de métier : échec, opportunisme ou réalisme ?

Ils croyaient savoir à l’avance le métier qu’ils exerceraient à la sortie de leur formation. La suite des événements a été toute autre. À ce moment-là, appréhender la reconversion s’impose. Reportage.

il y a 7 mois

Nord d’Abidjan. Cocody, II Plateaux Vallons. Dans une pharmacie. Quelques heures après, à la Riviera Palmeraie. Avec son équipe, Guy Roland GNACO répond à des rendez-vous. Dans leur berline, et parfois à pied, ils arborent les courbes des rues de la capitale économique ivoirienne. Agenda oblige.

L’objectif de ce mardi, de fin septembre, est clair : vendre le plus de produits pharmaceutiques. Tout se joue donc dans le ciblage et le timing. Pour aller au contact du maximum de clients. « Rien à avoir avec les cours de Droit que j’ai suivis à la fac et que j’ai finalement mis de côté pour me consacrer à la vente », nous confie l’ingénieur commercial.

SURPRIS OU PRÉPARÉ ?

D’un individu à l’autre, la réponse varie. À chacun ses raisons. Surtout dans cet environnement professionnel en pleine mutation où, il est de plus en plus demandé aux candidats d’avoir des compétences transversales.

Il n’est donc pas rare de voir dans le circuit, des agents changer de département (ou carrément de métier). La récurrence du phénomène en a fait une action banale. Au début, « cela a suscité de vives réactions dans l’opinion, même si les réfractaires n’osaient pas l’affirmer ouvertement », nous indique le manager de 47 ans.

Combien de fois n’avons-nous pas entendu des gens dire : C’est ce job qui m’inspire… » ; ou, « Si je savais, je serais venu plus tôt à… » ; ou encore « Je n’aurais pas pu faire cette activité si longtemps ». Que se passe-t-il dans leur tête ?

ÉCHEC

Ras le bol de tout. Vous vivez des moments difficiles, voire insurmontables en entreprise. Avec les collègues et les supérieurs. Pour des raisons fondées ou non. Vous avez l’impression de ne pas être à la bonne place. En général,

« C’est parce que l’orientation de l’organisation à laquelle vous appartenez est totalement en déphasage avec votre plan de carrière, vos principes ou vos valeurs », explique le directeur de vente. L’entreprise se porte mal. Les résultats sont mauvais. Le bilan aussi. Et l’avenir s’obscurcit pour une partie (ou pour l’ensemble) du personnel, ou pour vous-même. Les raisons peuvent être endogènes (management, stratégie…) ou exogènes (concurrence, crise…). Des problèmes de santé (ou un handicap). Récurrent ou grave, il vous est difficiles d’être performant. À un moment, l’entreprise ne peut (ou ne veut) plus vous prendre en charge.

OPPORTUNISME

Saisir une opportunité. C’est rare de trouver de telles occasions sur le marché. Pour une fois qu’elle s’offre (favorablement) à vous, il n’est pas question de la rater. Tout simplement. Des aspirations différentes. C’est parfois lié à l’âge et au centre d’intérêt. Votre activité devrait cadrer avec votre condition (physique ou mentale) actuelle. Votre expérience est mise au service des autres.

Les seniors se reconvertissent en coach professionnel. Évoluer et apprendre de nouvelles choses. Votre position actuelle ne vous permet pas d’avoir une certaine responsabilité. Vous êtes tombé dans la monotonie. Dès lors, vous estimez que vous n’êtes plus vraiment utile à votre organisation. Gagner plus d’argent. La période de passion est passée. Vous êtes guidé par la réussite financière. Et lorsqu’une activité vous apparaît propice pour, vous vous y consacrez.

RÉALISME

Pour exercer sa passion. Du jour au lendemain, vous quittez. Sportif, enseignant ou cultivateur, vous devenez architecte, artiste, commerçant. Et vice-versa. Guidé par une flamme qui ne s’explique pas. Vie privée et vie professionnelle ne coïncident plus. Une grande partie de la carrière est au profit du professionnel. Arrive un moment où s’impose un équilibre, pour conserver les motivations intactes. « À ce moment-là, on est plus enclin à déléguer. Parce qu’on veut se consacrer à soi-même et avoir plus de moments de détente », souligne le cadre de l’agence INOX PHARMA. Pour se rapprocher de sa famille (maison). Se consacrer aux siens. Une volonté forte, guidée par le souci du bien-être familial. Jusqu’à renoncer à un poste idéal (à l’étranger) pour se contenter d’un autre (au pays).

Marié et père de quatre enfants, cet acteur de la santé nous confie : « Dans quelques années, je pourrais me consacrer pleinement à la gestion de la collectivité ». Une réalité opportune pour Guy Roland GNACO.

La rédaction