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Aimée Lydéa Nabo (première mécanicienne d’avion de Côte d’Ivoire) : L’ingénieure du ciel qui a soif d’indépendance

En Afrique, elles sont peu nombreuses à évoluer et à exercer dans le domaine de la science. Malgré les obstacles, certaines femmes se démarquent et accèdent à des carrières professionnelles qui leur correspondent. C’est le cas d’Aimée Lydea Nabo, ‘’la fille’’ de Jules Verne, dont le parcours est atypique.

il y a 1 an

Considérée comme un profil du record Guinness, Aimée Lydea Nabo est la toute première femme ivoirienne à être formée au sein de la Compagnie Air Côte d’Ivoire en tant que mécanicienne d’avion. Elle a pris plaisir à embrasser une carrière scientifique, bien souvent réservée aux hommes. Son métier consiste essentiellement à prévenir les pannes et à faire de la maintenance préventive, qui sert à établir des contrôles et des tests, pour s’assurer du bon fonctionnement de la machine. Quand la maintenance curative, permet, elle, de réparer les pannes après un vol.

C’est une profession qui exige rigueur, minutie et précision. Car, il y va de la sécurité des passagers et des personnels de bord. Fastidieux ? Certainement. Ce choix audacieux d’être une mécanicienne du ciel, et qui est devenu ensuite une véritable passion pour Aimée Lydea Nabo, n’était pas prémédité. « Je n’avais jamais imaginé devenir mécanicienne d’avion. Je ne connaissais même pas ce métier avant de l’embrasser », raconte-t-elle.

En 2011, Aimée Lydéa Nabo obtient le baccalauréat, série C, au lycée moderne de Divo, situé dans la région du Lôh-Djiboua, au centre-ouest de la Côte d’Ivoire.

Puis, elle décroche un Brevet de Technicien Supérieur en réseaux informatiques et télécom. En 2014, elle suit un stage professionnel de six mois en informatique au ministère ivoirien de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui est sanctionné par une licence professionnelle en Sécurité Informatique.

Malheureusement, compte tenu de la difficulté d’obtenir un emploi dans son secteur d’activités, la jeune diplômée travaille dans une imprimerie, afin de subvenir à ses besoins. Toutefois, cela ne l’empêche pas de se préparer à rebondir.

« La prière, la foi et la détermination m’aident toujours à remonter la pente. Je ne m’inquiète pas pour ce que je ne peux pas résoudre moi-même. Je prie et je laisse Dieu faire le reste », rassure-t-elle. Quelques années plus tard, Aimée, alors mère de deux enfants, est admise à la suite d’un test de recrutement de nouveaux ingénieurs en maintenance aéronautique, pour la compagnie d’aviation ivoirienne, Air Côte d’Ivoire.

Passionnée par les métiers scientifiques, elle s’inscrit à l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny (INPHB) de Yamoussoukro, où elle décroche une licence de Technicienne d’ingénierie aéronautique, puis, une formation pratique en France. En 2017, Aimée poursuit ses études à l’Institut Aéronautique Amaury de la Grange (IAAG), et obtient une licence B1 et B2 en maintenance aéronautique, et quatre ans après, des qualifications de types A320 Family et Leap Engine.

FIERTÉ NATIONALE

Ses efforts et sa détermination portent des fruits. En 2021, grâce à la qualité de son travail, la première femme ivoirienne, mécanicienne d’avion, est honorée, en recevant le 3ème Prix national d’Excellence de la meilleure contribution au rayonnement du secteur du transport aérien. Cette remarquable distinction illustre clairement que les femmes peuvent aisément exceller et briller dans tous les secteurs d’activité. « Les jeunes filles d’aujourd’hui doivent s’intéresser davantage aux métiers des sciences. Car, ce sont les métiers d’avenir.

Partout où vous irez, vous entendrez parler des STEM. Les sciences dominent le monde. Tous y ont recours. Il faut donc se jeter dans le bain », recommande la scientifique.

Selon la lauréate, le secteur de l’aviation est en plein essor. Autrefois méconnu par les jeunes Ivoiriens, ceux-ci sont désormais incités à mieux le connaître, grâce à l’opportunité que leur offre l’Etat de Côte d’Ivoire. « Nous avons une compagnie nationale qui évolue bien et qui met tout en œuvre pour satisfaire sa population », ajoute-t-elle.

Malgré ses échecs, la native de Divo reste debout, car dit-elle : « j’ai soif d’indépendance’’. S’appuyant sur des valeurs nobles, pour se relever lorsqu’elle tombe, la mécanicienne du ciel rêve d’être épanouie et stable à tous les niveaux. Être la mère sur qui ses enfants peuvent compter. Être la femme, la sœur, l’amie sur qui on peut s’appuyer.

Maurelle Kouakou