« Labbaïka-Lâhoumalabbaïk,labbaïkalâcharikalakalabbaïk, inna-lhamda,wanni’mata,lakawa-almulk, lâcharika lak. (Je réponds à ton appel, ô Seigneur, je réponds à Ton appel. Je réponds à Ton appel, Tu n’as pas d’associé, je réponds à Ton appel. En vérité, la louange et la grâce T’appartiennent ainsi que la royauté. Tu n’as pas d’associé) ».
Ils sont chaque année, des millions de musulmans de configuration géo-épidermique multidimensionnelle à se rendre en Terre Sacrée, pour l’accomplissement du cinquième et dernier pilier de l’Islam. « Et c’est un devoir envers ALLAH pour les gens qui ont les moyens, d’aller faire le Hajj… ». S 3 V 97.
Un rite qui pèse dès lors comme une obligation sur
tout musulman en possession de ses facultés mentales, dès l’instant où il
dispose des moyens pour le faire et qu’il a atteint l’âge de la puberté.
Voyage de vie et d’éternité, le hadj ou pèlerinage à
la Mecque, au-delà du gestuel et de la superficie des rites, offre un trésor
inépuisable de valeurs spirituelles au musulman.
Quels en sont les enseignements enfouis ? Comment
profiter des mérites de ce pilier ? Quels comportements adopter après un voyage
aussi riche et merveilleux ?
Les dimensions spirituelles du hadj
On pourrait les appréhender en sept (07) étapes essentielles.
Par le contact avec les symboles forts et saisissants de l’Islam, le Hadj
permet de vivre et de méditer l’histoire, pour remodeler la foi et illuminer le
cœur de la lumière de la certitude en la présence divine permanente.
Il est l’école de l’humilité, tel que cela transparaît
dans le port de la tenue de sacralisation appelée Ih’ram.
Deux étoffes, comme des linceuls, qui symbolisent le dépouillement
du pèlerin de ses apparats sociaux, qui le ramènent à sa plus simple expression
et à l’insignifiance de sa vie. Tous les pèlerins sont soumis aux mêmes
instructions. Pendant les différents parcours, le pèlerin passe une nuit dans
les territoires sacrés de Mouzdalifat et de Mina, couché à même le sol, ou sur
des semblants de nattes pour d’autres, mais sans confort aucun, et à la belle
étoile. Ni toit, ni climatisation, ni moustiquaire imprégnée, mais une foi
imprégnée de simplicité et d’humilité où il réalise que sa seule richesse est
la richesse intérieure.
Le pèlerinage est une école de la patience et de la
persévérance. Le pèlerin devra s’exercer à accepter les caprices et les
manquements des autres coreligionnaires, de même que ceux des organisateurs.
S’abstenir des propos futiles et grossiers constitue
une condition d’exaucement du pèlerinage.
Le Hadj doit aboutir à la mort de l’ego et permettre
de réaliser que seule la mention d’ALLAH vaut. Le Pèlerin une fois en Terre
Sacrée, reste d’ailleurs subjugué par ces mélodies saisissantes qui découlent
des torrents d’invocations de tous ces assoiffés de DIEU, hommes ordinaires,
élites des nations, riches et pauvres, saints et pécheurs, tous absorbés par la
présence de la divinité. Il réalise qu’il n’est pas digne d’être déifié ou
idéalisé.
C’est d’ailleurs l’une des dimensions de la lapidation
des stèles représentant le diable où le pèlerin lapide également le démon qui
est enfoui en lui, celui de l’orgueil, de l’hypocrisie, de la fierté excessive,
de la rancœur, de la jalousie, de la haine, etc.
Il représente aussi la proclamation de la victoire sur
l’esprit du mal. L’image la plus illustrative ici est celle de la lapidation
des trois (3) stèles dans le Territoire Sacré de Mina. Et c’est en cet endroit
que le diable a été lapidé par Ibrahim as, son fils et son épouse, (que ALLAH
les agréé) parce qu’il voulait les détourner de leur engagement vis-à-vis du
Créateur. Donc, en lapidant les stèles, (le petit, le moyen et le grand Satan),
il atteste qu’à toutes les échelles de sa vie, le diable est banni à jamais. Il
renouvelle ainsi son engagement et sa soumission totale à la parole du SEIGNEUR.
Le Hadj à la Mecque constitue l’expérience de la résurrection
par la présence des pèlerins au Territoire Sacré de Arafat, point culminant et
étape indispensable à l’agrément de ce pilier. Cette étape où tous les pèlerins
se retrouvent un seul jour à la fois jusqu’au coucher du soleil représente la
résurrection en miniature. Des millions de pèlerins, au même endroit s’adonnent
aux invocations, à l’adoration, tous de blancs vêtus, à perte de vue, chaque cœur
et chaque regard absorbés par ALLAH et ce jour-là, le Seigneur prend Ses Anges
à témoin, face à la force de cette ferveur spirituelle et leur dit : « Regardez-les
tous comme ils m’implorent sans M’avoir vu, et soyez témoins qu’à tous, Je leur
pardonne et Je leur accorde le Paradis ».
Le Hadj ouvre la voie à la renaissance spirituelle. Le
soleil qui se couche à Arafat, doit se coucher avec toutes les tares morales,
comportementales et spirituelles du pèlerin.
Ainsi a dit le Messager d’ALLAH saw : « le pèlerin
dont les rites sont agréés, est comparable à un bébé qui vient de naitre ».
Il ne dégage que la senteur de la sainteté, de
l’innocence et de la pureté. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles,
ses bénédictions pour lui-même et pour les autres sont exaucées.
En dernier ressort, comme l’a dit le Messager d’ALLAH
saw, le Hadj agréé n’a autre mérite et récompense que le paradis.
Mais quelles sont les dispositions que le pèlerin doit
prendre pour bénéficier de tant de faveurs et de délices spirituelles ?
Dispositions utiles
Le Hadj n’est pas un voyage d’agrément, un voyage pour
touristes spirituels. Il se dispense du folklore et de la recherche de gloire.
Il exige du candidat pèlerin, une intention pure et pieuse.
L’imam ibn el Qayyimraa disait que : « La sincérité,
c’est que l’homme détermine et accomplit avec pureté ses paroles, ses actes, sa
volonté et son intention qu’il voue à Allah ». Le candidat pèlerin ne part au
hadj que pour la recherche exclusive de la Face Eclairée d’ALLAH.
Sa volonté de repentir et de renonciation à tout péché
doit-être ferme et sincère, sauf cas de force majeure indépendant de sa
volonté.
Il est aussi important de maitriser les rites du hadj,
avec toutes les invocations utiles à réciter dans les lieux stratégiques, et
cela nécessite une formation conséquente.
Cette formation dispensée dans certaines Mosquées, devait
être même une obligation comme cela est de mise dans certains pays, tel que
l’Indonésie où les candidats au pèlerinage passent des tests pour disposer d’un
certificat d’aptitude avant de l’accomplir et où il existe des camps exclusivement
réservés à la formation sur le Hadj.
Avant le départ à la Mecque, les candidats au Hadj
devront réaliser qu’ils vont au plus grand regroupement d’hommes au monde,
toute corporation, toute configuration raciale, culturelle confondues. Un
regroupement de trois à cinq millions de croyants nécessite un bon armement psychologique
pour aborder toutes sortes d’épreuves et de difficulté liées aux grands
regroupements (bousculades, longues files d’attente, etc.).
L’humilité est une marque de grandeur humaine et
chaque pèlerin doit s’en vêtir afin de mieux profiter des acquis et des faveurs
du Hadj. Il devra aussi faire preuve de patience et éviter les brouhahas
improductifs et intempestifs ou de proférer des propos qui peuvent nuire à son
pèlerinage.
Une fois en Terre Sacrée, il doit savoir faire
l’économie de ses forces, effectuer modérément les actes surérogatoires avant
l’étape finale de Arafat après laquelle, il pourra multiplier ses actes non
obligatoires.
Il doit éviter de passer l’essentiel de son temps à
faire du shopping ou à suivre des pèlerins ayant déjà accompli leur Hadj, si
ceux-ci sont plus intéressés par les transactions commerciales que les œuvres
cultuelles.
Il est primordial pour le pèlerin de revenir dans la
grande humilité et sobriété, plutôt que de se laisser piquer par la guêpe du «
m’as-tu-vu ? », un cuisant paradoxe tout de même, pour celui qui est allé à
cette école de l’humilité, de la spiritualité et du recueillement sincère.
L’une des étapes les plus importantes, reste le retour
du pèlerinage.
L’après pèlerinage
Le pèlerinage à la Mecque est un voyage de haute
spiritualité qui permet de nourrir l’âme et le cœur de piété. Il est le
laboratoire de perfectionnement de nos courbures humaines et doit de ce fait,
offrir le champ large pour la capitalisation des valeurs comportementales
avérées.
Du retour du Hadj, Il est foncièrement inutile de se
laisser emporter par la fièvre des accueils pompeux à la recherche de simple gloriole
pour replonger plus tard dans les travers moraux et les dérives spirituelles
après une telle parenthèse sublime de communion intime avec le Créateur. La
sobriété est le propre des musulmans sincères et de ceux dont la foi a positivement
affecté le quotidien comportemental.
La meilleure manière de fêter son retour du hadj,
c’est d’offrir à ses parents, ses proches et collaborateurs, le meilleur comportement
possible, ou au besoin, d’organiser des séances de lecture de Coran à titre de reconnaissance
à ALLAH et des séances de bénédictions, de témoignages pour raffermir la foi de
ses proches. Ni arrogance, ni fierté excessive, ni mépris, ni duplicité, ni hypocrisie
dans les relations quotidiennes avec le Créateur et aussi les créatures. La foi
pure ne laisse pas de trace d’arrogance dans le cœur du musulman. L’on
reconnait à ce titre les pèlerins sincères par leur humilité, leur douceur, le respect
et la considération pour les autres, car aller en Terre Sacrée n’est pas une
fin en soi.
C’est une grâce certes, mais c’est aussi et par-delà
tout, une lourde responsabilité.
Le pèlerin doit désormais faire preuve de persévérance
après son Hadj, parce que c’est un voyage qui apporte foi à sa foi. Et vous
entendrez sans cesse :» désormais, je serai plus généreux, plus engagé dans les
œuvres sociales, plus régulier dans les prières nocturnes, etc. ’’
Il lui faut désormais plus de rigueur dans
l’observation des pratiques religieuses pour ne pas céder aux ruses du diable
qui doublera d’ardeur à le faire fléchir. Il doit savoir que désormais, les
autres verront en lui, un miroir, un modèle à suivre et ce nouveau décor impose
plus de rigueur dans la pratique religieuse. Cela ne veut pas dire qu’il y a
une autre forme de législation pour le pèlerin, car ce qui lui est interdit,
l’est pour tout musulman.
Il devra aussi s’attendre à des périodes d’épreuve
sous forme d’examen pour valider son nouveau diplôme de foi.
Cela se comprend aisément dans la mesure où l’épreuve
fait partie de la nourriture de la foi. Mais quand viendront des moments difficiles,
qu’il n’oublie pas la chance énorme qu’il a eu à aller à la rencontre du
SEIGNEUR, et que ce SEIGNEUR qui l’a invité sur le tapis de Sa Haute Majesté ne
l’abandonnera point, s’il reste fidèle à Lui.
En définitive, le pèlerinage à la Mecque permet de
faire un avec l’Unique et l’UN, ALLAH. Il symbolise le retour à la source, la
fin d’un cycle, puisqu’il est le dernier pilier de l’Islam, mais aussi le début
d’une vie d’idylle avec son Créateur. Le pèlerin n’est certes pas un être
parfait, mais le Hadj offre au fidèle musulman, le loisir d’aspirer à la
perfection et à l’excellence comportementale, en l’introduisant dans un confort
avéré de croissance permanente de sa foi.
Bien de jeunes cadres et de personnes hésitent parfois
à s’acquitter de cette obligation religieuse, disant être dans le péché ou
n’étant pas encore prêtes, oubliant que la mort est imprévisible et à quel
point la présence en Terre Sacrée fortifie et arme pour affronter toute sorte
de tentation et de péchés.
Le Hadj rapproche de DIEU et ouvre la porte à la
demeure de Ses Faveurs innombrables, tel que révélé par le Créateur Lui-Même au
Messager saw : « Lorsque le serviteur se rapproche de Moi d’un empan, Je me
rapproche de Lui d’une braise ; et lorsqu’il vient vers Moi en marchant, Je vais
vers Lui avec empressement ».
El Hadj Diabaté Fousséni, journaliste-écrivain