Un village en plein Abidjan. À la lisière de la commune d’Abobo. Avec plusieurs milliers d’âmes, autochtones et allochtones, qui cohabitent en parfaite harmonie. Leur organisation et leur propreté séduisent. Bienvenue à Abobo Baoulé !
Après la scission du village Blingue, l’un de ses quartiers devient Abobo Té et l’autre Abobo To. Du fait de sa forte densité de population, Abobo To est nommé Abobo Bawulé, la traduction littérale de bawulé en Ébrié (ethnie ivoirienne, NDLR) étant « entassés comme des graines ». Les transcriptions coloniales lui attribuent, in fine, le nom actuel : Abobo Baoulé.
Depuis les
années 1980, le village d’Abobo Baoulé est passé, d’un milieu rural à un milieu
urbain. À la suite de changements successifs d’activités. Il a gardé sa
structure sociale et politique traditionnelle. Aujourd’hui, ce système « fermé
» s’épuise. Le village doit se renouveler afin de faire face à de nouveaux
défis et enjeux.
De l’organisation
Grâce aux
décisions et aux dynamiques impulsées par les diverses chefferies au pouvoir,
le village s’adapte remarquablement. Abobo Baoulé est désormais inscrit dans
les annales des exemples de réussite du développement de proximité. Ce mérite, à
l’actif des filles et fils dudit village (qui n’attendent pas tout de l’État),
permet à cette cité d’être une exception.
La chefferie
d’Abobo Baoulé est conduite par Claude Amondji. Grâce à la volonté de la
chefferie d’améliorer les conditions de vie et le bien-être des villageois,
Abobo Baoulé se distingue par une grande concentration d’infrastructures.
L’activité économique du village s’organise autour de petits commerces et de
métiers d’artisanat.
Aussi, la principale source de revenus, pratiquée par les femmes, provient de la fabrication et de la vente de l’attiéké. Néanmoins, l’absence de réinvestissement au sein de cette activité et dans l’aménagement (et l’organisation) du site de production entraîne des problèmes de santé et de pollution. Les conditions de travail des femmes restent précaires et la qualité du produit s’en ressent. Cela ne favorise pas une distribution plus élargie.
La proximité
de grands axes de circulation (inter) nationaux, tels que la route d’Alépé,
fait d’Abobo Baoulé un carrefour stratégique d’entrée dans la métropole. C’est
un lieu de passage où les flux sont importants. Des dispositifs sont créés pour
réguler le trafic et ralentir les véhicules sur les axes principaux du village.
De
nombreuses voies, devenues piétonnes, rendent ainsi l’environnement des
habitants plus sécurisé et qualitatif.
De la
propreté
« Au
quotidien, un employé de la chefferie passe dans les rues avec un sifflet pour
rappeler aux habitants de balayer leur seuil », rapportent des habitants.
Le chef du village de la cité de Grâce a procédé récemment au curage des caniveaux et au ramassage des ordures. Les habitants sont sensibles à l’entretien de leur environnement. Le quartier a mis en place un ramassage collectif des ordures et un aménagement des espaces plantés devant les habitations.
Le commerce
de rue, fréquent à Abidjan, est interdit au sein du village, afin de limiter la
congestion des voies et de contrôler davantage les ventes. Chaque jour, environ
deux cent cinquante (250) femmes du village se relaient pour le travail du
manioc. Chaque décision est discutée et votée, par un échantillon de quinze
(15) personnes par génération.
Les
infrastructures s’expriment (à perte de vue) par une église méthodiste, une
autre catholique et un bâtiment abritant une congrégation de sœurs. Le centre
culturel, pillé lors de la crise politique, est à l’abandon. Le Palais de
l’Unité est le lieu de réunion de la chefferie et des notables. Il abrite les
bureaux administratifs. C’est aussi un lieu de rassemblement, lors des fêtes du
village. Certaines associations s’y réunissent en cas de besoin.
Abobo Baoulé
est un nœud et une centralité au sein de la commune d’Abobo (nord d’Abidjan).
La propreté y règne au quotidien. L’organisation de ce village-quartier devrait
pouvoir inspirer, à une échelle plus grande, la Côte d’Ivoire.
La rédaction